Histoire
L’engagement est une grande richesse
Fin octobre 1990, le père Luc Casaert, alors âgé de 50 ans, prêche à Tielt pour la journée des Missions. Il venait de sa paroisse de San Martin de Porres, un quartier de Santa Cruz en Bolivie. Il y est chaque jour confronté à une pauvreté extrême. Il aide ses paroissiens démunis avec ce qu’il a, mais il veut en faire davantage. A Tielt, il demande donc de le soutenir.
Je traversais moi-même un période difficile à cette époque. Le père Luc m’a écoutée. Attentivement. Patiemment. Avec bienveillance.
L’enthousiasme et la ferveur de son discours agirent en moi comme une étincelle. Avant même de bien réaliser ce qui m’arrivait, j’organisais une action de solidarité au profit du service social que le père Luc souhaitait mettre sur pied. Je ne l’oublierai jamais : nous avons récolté plus de 100.000 francs. J’en éprouvai un sentiment indescriptible de gratitude. A ce moment-là, je n’imaginais pas que ce deviendrait ma « vocation » : aider les enfants pauvres de Bolivie à s’extraire de la misère.
Peu après, le père Luc m’invita en Bolivie. Pour voir de mes yeux ce qu’étaient les besoins sur place. Il fallait alors pas moins de deux jours, avec plusieurs escales, pour arriver en Bolivie. Quelque peu aventureux, surtout pour une femme seule. Pas de gsm, pas d’internet… Pouvais-je quitter mes trois jeunes enfants durant plusieurs semaines ? Didier, mon mari, m’encouragea à ne pas renoncer à cet appel. C’est donc le cœur serré, mais débordant d’attentes, que je m’envolai vers la Bolivie. Je me disais que si je réussissais à sauver une seule famille de la misère, mon voyage serait réussi. Ce fut le commencement d’une incroyable période de ma vie.
Je suis particulièrement reconnaissante pour l’amitié sincère et profonde du père Luc. Pour le bonheur que je vois dans les yeux de tant d’enfants boliviens. Pour les larmes de joie de nos diplômés. Pour la chaleur des remerciements des parents dont les enfants sont accueillis à la Fondation. Pour l’énergie que me transmet l’équipe bolivienne. Et aussi pour avoir croisé la route de tant de personnes désintéressées prêtes à venir en aide aux enfants d’un pays lointain !
Les difficultés n’ont pas manqué durant ces 26 années. Résolument croire en ce qu’on fait, s’entourer de gens de bonne volonté, accepter que toutes les initiatives puissent ne pas être un succès,… voilà en ce qui me concerne le secret d’un engagement durable. Il m’arrive d’avoir du mal à réaliser à quel point nous avons pu aider tant de personnes au cours de ces 30 années. Et au plus profond de mon cœur, j’ai le sentiment d’avoir davantage reçu que donné.
Marie-Christine Viaene, présidente Niño Feliz vzw