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Comment Niño Feliz change le monde

Comment Niño Feliz change le monde

Cher lecteur,

Il m’a fallu pas moins de trois mois avant de pouvoir commencer le compte-rendu ce de ce voyage. Les rencontres furent si nombreuses et les émotions tellement intenses que je n’arrivais pas à faire le tri. Derrière chaque rencontre se cache en effet le récit d’une vie qui témoigne de l’immense impact de Niño Feliz. Il faudrait en réalité un livre entier. Mais je ne dispose que de deux petites pages A4.

Au terme d’un voyage de plus de 30 heures, j’atterris à Santa Cruz de la Sierra en Bolivie. Dimanche matin, 6 heures. C’est la première fois que je vais en Amérique du Sud. Durant les dernières heures de vol, je ressens une tension intérieure. De la curiosité, mais aussi une certaine appréhension de voir ce qui m’attend.

Dans le hall de l’aéroport, j’aperçois Marie-Christine qui m’attend avec un grand sourire. On comprend tout de suite qu’elle est ici comme chez elle. Je sens la tension s’estomper.

Ce même dimanche matin, je rencontre le père Luc au sein de son habitat naturel, la paroisse de San Martin de Porres. Avec ses collègues, dont le père Guillermo, il nous accueille chaleureusement. Nous parlons beaucoup, comme si nous nous connaissions depuis des années. Mais je suis frustré par ma méconnaissance de l’espagnol (ce qui est fatigant pour Marie-Christine, obligée de tout traduire).

Le midi, la ‘délégation belge’ (le père Luc, Marie-Christine et moi-même) est accueillie à bras ouverts par Bubby et Bebby Suarez, un couple avec lequel le père Luc entretient des liens d’amitié depuis plus de 30 ans. Toute la famille a été réunie en l’honneur des hôtes belges et chacun souhaite converser avec moi. Une fois de plus, je me heurte à la barrière de la langue.

Cette incroyable hospitalité et cette gentillesse furent une constante tout au long de mon séjour, les familles les plus pauvres n’étant pas les dernières à les manifester. On se sent constamment immergé dans une atmosphère d’amitié. Mais ce n’est qu’une fois de retour en Flandres que j’ai pleinement réalisé à quel point la gentillesse des boliviens est vraie et sincère.

Je ne reste qu’une semaine à Santa Cruz et Marie-Christine m’a préparé un programme complet. Lundi matin, premier point à l’ordre du jour, rencontre avec les collaborateurs de Niño Feliz. Je suis impatient, car je vais enfin voir en chair et en os tous ceux dont Marie-Christine m’a déjà si souvent parlé.

Une énorme surprise

Mais le lundi commence avec une énorme surprise. Alors que nous arrivons à la Fondation, ma filleule Yennifer, sa maman et son frère m’y attendent ! Yennifer a réalisé une carte de remerciements géante. Ses yeux scintillent de plaisir. Je suis envahi d’une foule d’émotions : je suis fier de ma filleule au regard si joyeux et pétillant, heureux de pouvoir en tant que parrain contribuer à son avenir, triste de prendre conscience de la répartition tellement injuste des chances et des richesses dans ce monde, bouleversé de voir la reconnaissance dans les yeux de la maman, irrité en pensant à la manière dont certains de nos politiciens parlent des réfugiés… Je me sens un peu perdu, désemparé. Je voudrais dire tant de choses, mais je ne parle pas la langue. Heureusement, Marie-Christine prend les choses en mains (mais ce fut également une surprise pour elle, Yennifer ayant voulu rencontré son parrain plus tôt que le jeudi initialement prévu).

Plein d’admiration pour l’équipe de Niño Feliz

L’équipe de Niño Feliz est incroyable. A chaque visite au sein des familles, je suis frappé de voir à quel point les trois assistants sociaux (Juan-Carlos, Cecilia et Yobana) se montrent affectueux, en particulier à l’égard des enfants. Les petits s’agrippent à la jambe de Juan-Carlos pour jouer avec lui. Ou alors ils s’installent sur les genoux de Cecilia. Avec les plus grands, on sent aussi, au travers des regards complices ou des petites plaisanteries échangées, qu’il y a de l’amour et un respect mutuels entre eux et les assistants sociaux. C’est incroyablement beau à voir.

Je pense aussi souvent à Pablo, le responsable de ‘l’école des devoirs’. Armé d’un énorme tableau Excel, il suit de près les résultats scolaires des filleuls qui sont dans l’enseignement primaire et secondaire. C’est émouvant de l’entendre parler avec amour des enfants, lorsqu’il dit par exemple, en montrant les chiffres, qu’il espère voir Pedro remonter la pente ou lorsqu’il montre les bons résultats de Maria Mercedes malgré sa situation familiale très difficile.

Son alter ego pour l’enseignement supérieur et universitaire, Veronica assure un suivi mensuel de ses étudiants, tel un ‘ange gardien’. Gentiment, mais avec fermeté lorsque nécessaire. A sa manière, elle accomplit des prodiges. « Sans l’aide, les encouragements et la confiance de Niño Feliz, je ne serais nulle part aujourd’hui. La situation à la maison était très difficile, mais Veronica m’a sauvé la vie. » Eduardo (30 ans) est responsable Labo dans un hôpital, et il en est fier, à juste titre. La rencontre avec Eduardo fut une des plus émouvantes de ce séjour. En racontant ses années chez Niño Feliz (il fut accueilli par la Fondation à l’âge de 8 ans), il était submergé d’émotion et ne pouvait retenir de chaudes larmes. Il redevint un instant ce garçon de 20 ans qui avait perdu l’envie de poursuivre ses études à cause d’une situation familiale particulièrement difficile. « Veronica m’a sauvé la vie. Elle a cru en moi et ne m’a pas abandonné. Elle m’a en quelque sorte obligé de consulter Consuelo, la psychologue de la Fondation. C’est ce qui m’a sauvé. » Voir un homme de 30 ans fondre en larmes à la fois par gratitude à l’égard de Niño Feliz, pour ce qu’il a réussi à concrétiser et à cause de la douleur que les difficultés de sa jeunesse lui font encore ressentir, cela touche n’importe qui en plein cœur.

Carla Fatima dort sur un siège de voiture

Je termine ce compte-rendu par la maison de Carla Fatima, âgée de 12 ans. La ‘maison’ en question n’est rien de plus qu’une pièce de 25 m2 qui fait office de hall d’entrée, living, chambre pour parents et enfants, dressing, etc. De nombreux diplômes sont accrochés au mur. Témoins silencieux de la fierté des parents pour leur fille, chaque année première de classe. Je ne vois dans la ‘maison’ qu’un seul double lit. Lorsque nous demandons à Fatima où elle dort, elle nous montre le siège arrière d’une voiture, disposé contre le mur. Ses parents n’ont pas les moyens de lui acheter un lit. Son père a récupéré le siège de voiture dans le garage où il travaille. Ceci dépasse mon entendement : cet enfant adorable et plein de talents dort sur un siège de voiture. Un siège de voiture ! Le contraste avec le monde dans lequel je vis, dans lequel vivent aussi mes amis et connaissances, ne peut être plus grand.

L’impact qu’a Niño Feliz sur Eduardo, Carla Fatima et tant d’autres enfants est énorme. J’ai pu le constater de mes propres yeux. L’aide apportée par la Belgique est indubitablement ‘payante’. Je suis heureux et reconnaissant d’avoir croisé Marie-Christine et l’équipe de Niño Feliz sur ma route. Et je me suis entre-temps inscrit pour des cours d’espagnol…

En conclusion : même si l’horizon peut parfois nous sembler bien sombre et incertain, Niño Feliz démontre que nous pouvons réellement changer le monde. J’espère, si vous ne soutenez pas encore Niño Feliz aujourd’hui, que vous le ferez désormais !!

Nik Grymonprez,
parrain de Yennifer
(en mission en Bolivie en avril 2017)